Les O.P.A. de la filière apicole et les stratégies d’action collective pour la promotion des miels du terroir Etude d’un cas en Mitidja
Abstract
Le présent article livre les résultats d’une enquête de terrain sur une organisation professionnelle agricole (O.P.A.) – L’Association pour le Développement de l’Apiculture de la Mitidja (A.D.A.M.) – en tant qu’exemple de réussite du mouvement associatif en Algérie. Depuis sa création en 1990, elle a réussi à se constituer en facteur de développement de l’apiculture, dans son aire d’action (l’algérois) et à s’ériger en interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Ce dynamisme, elle le doit au rôle moteur et stabilisateur exercé par l’une de ses instances organisationnelles, le bureau, et, par delà, aux qualifications et expériences de ses membres.
L’étude de ce cas atypique permet d’envisager l’hypothèse que le mouvement associatif, dans le contexte algérien, bien qu’il soit d’impulsion exogène (émergeant à la faveur du tournant libéral de la politique économique, à la fin des années 1980), doit son efficacité et sa pérennité davantage à des facteurs endogènes, a priori inimitables.Downloads
References
- Loi n° 87-19 du 8 décembre 1987 déterminant le mode d'exploitation des terres agricoles du domaine national et fixant les droits et obligations des producteurs
- Slimane BEDRANI, Foued CHEHAT et Smati ABABSA, « L’agriculture algérienne en 2000. Une révolution tranquille : le PNDA », Revue Prospectives agricole, INRAA, Alger, n°1, 2001, p. 7-60.
- Claudine CHAULET, « Agriculture et nourriture dans les réformes algériennes : un espace pour les paysans ? », Revue Tiers Monde, t. XXXII, n° 128, octobre-décembre 1991, pp. 741-770.
- D. Bedrani, F. Chehat et S. Ababsa S., op. cit.
- Slimane BEDRANI, Alia MECHRI et Ahmed BENMIHOUB, Les institutions agricoles et rurales en Algérie: résultats d'une enquête. Contribution à l’étude Réseau agricultures familiales comparées, RAFAC-CIHEAM IAM-Montpellier, 2004.
- S. Bedrani, A. Mechri et A. Benmihoub, ibidem. L’enquête, effectuée en 2002 sur un échantillon de 195 associations agricoles dont 8 % localisées dans le Tell, révèle « la fragilité du mouvement associatif agricole et rural » p. 7 et sa « très faible participation […], dans des projets de développement » p. 4). L’explication résiderait dans « la faible compétence des associations (…) et leur faiblesse à s’imposer comme acteurs vis-à-vis des administrations. Ce qui renvoie au défaut de création originel d’un certain nombre d’entre-elles. » p. 4.
- C.A.W.B., Rapport sur les actions menées par la chambre d’agriculture, 1991-2004.
- Mahamadou DJIBO DONGUEY, Contribution à l’étude des organisations professionnelles agricoles en Algérie, cas de la chambre d’agriculture et des associations agricoles par filière dans la wilaya de Blida, Mémoire d’ingénieur en agroéconomie, Université de Blida (Algérie), 2005.
- Elle porte ce nom depuis 2009, à l’occasion de la modification de ses statuts. L’appellation d’origine (1990) est Association des Apiculteurs de la Wilaya de Blida (AAWB).
- C. Chaulet, op. cit. S. Bedrani, A. Mechri et A. Benmihoub, op. cit.
- Henri AMBLARD, Philippe BERNOUX, Gilles HERREROS et Yves-Frédéric LIVIAN, Les nouvelles approches sociologiques des organisations, Paris, Editions du Seuil, 1996, p. 216.
- Michel MARCHESNAY, La Stratégie : du diagnostic à la décision industrielle, Alger, Office des Publications Universitaires, 1987, p. 59.
- Erhard FRIEDBERG, Le pouvoir et la règle, dynamiques de l’action organisée, Paris, Editions du Seuil, 1997, p. 158.
- Mancur OLSON, Logique de l’action collective, Paris, P.U.F., 1978, p. 174.
- M. Olson., ibidem, p. 74.
- M. Olson., ibidem, p. 75.
- Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG, L’acteur et le système, Les contraintes de l’action collective, Paris, Editions du Seuil, 1977.
- Le président de coopérative de service ne dirige pas. Il est là pour représenter les intérêts des producteurs agricoles. Pour ce motif, sans le supprimer, la libéralisation du système coopératif a consisté dès le début à réduire son rôle à celui d’animateur de séances.
- Une sommaire comparaison avec des associations agricoles françaises invite à affirmer l’importance du niveau d’études (Patrick MUNDLER, « Les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) en Rhône-Alpes, entre marché et solidarité », Ruralia, 2007, n° 20, pp. 185-215). Mais, dans celles-ci, à la différence de l’ADAM, le « niveau de formation nettement supérieur à la moyenne française » remarqué est le fait des membres plutôt jeunes (« Les deux classes d’âge les plus représentées sont ainsi les 25-34 ans et les 35-49 ans »). Le niveau d’études renvoie au statut socio-économique et implique une relative aisance matérielle, conduisant à "une sous représentation des ouvriers [...] et une surreprésentation des professions libérales et des cadres supérieurs [...] ainsi que des employés". Ce constat avait été déjà fait pour l’ensemble des associations strasbourgeoises, les organisations agricoles comprises (Christian de Montlibert « Problème des associations strasbourgeoises », Revue des sciences sociales de la France de l’Est, 1980, n˚ 9, pp. 203-219). De façon générale, les agriculteurs sont de moins en moins représentés, quelle que soit la taille de la commune considérée, y compris dans les structures élitaires, où conseillers municipaux, adjoints aux maires et maires, se recrutent de plus en plus parmi les catégories sociales intellectuelles (Michel KOEBEL, « Les élus municipaux représentent‑ils le peuple ? Portrait sociologique », Métropolitiques, 3 octobre 2012, cité par Yannick Sencébé et al., « Le contrôle des terres agricoles en France : du gouvernement par les pairs à l’action des experts », Sociologie, 2013, vol. 4, n° 3, pp. 251-268).
- 1996, 2008 : Association des Apiculteurs de la Wilaya de Blida ; 2011 : Association pour le Développement de l’Apiculture de la Mitidja, Wilaya de Blida.
- Filaha (« agriculture » en arabe) est un groupe de réflexion composé des anciens de l’Institut National Agronomique d’Alger et des retraités du ministère de l’agriculture.
- Projet dans lequel un groupe de techniciens du ministère de l’agriculture et des apiculteurs vont sillonner des villes pour faire connaitre l’apiculture et faire sa promotion.
- F.E.R.T. est une association de coopération internationale créée en 1981 pour aider les agriculteurs à améliorer leurs conditions de vie et ce, par la création de coopératives, de caisses de crédit agricole et de centres de formation.
- Faouzi BOUCHAIB et Mahamadou DJIBO DONGUEY, « Les associations professionnelles agricoles en Algérie : entre l’inadaptation des textes et l’expérimentation d’une nouvelle démarche », Revue Sciences, technologies et développement, n° 5, 2009, pp. 297-306.
- Houria BENBARKAT, « Les politiques de développement rural en Algérie : Entre le dire et le faire », Revue Sciences Humaines, n° 32, décembre 2009, pp. 45-54.
- Voir à ce sujet Houria BENBARKAT, « Coopération et association dans la politique agricole en Algérie : l’enjeu sociétal », Revue Sciences Humaines, n° 35, juin 2011, pp. 29-52.
- Marc RAFFINOT et Rolf MEIER, « S'approprier les politiques de développement : nouvelle mode ou vieille rengaine ? Une analyse à partir des expériences du Burkina Faso et du Rwanda », Revue Tiers-Monde, tome 46, n°183, 2005, pp. 625-649. C’est par rapport au bailleur de fonds international, le FMI , et non par rapport à l’Etat national que M. Raffinot et R. Meier insistent sur la réappropriation, comme moyen et condition pour adapter les programmes standards aux spécificités des réalités locales. Mais le principe reste valable pour toute situation analogue.
- S. Bedrani, A. Mechri, A. Benmihoub, op. cit.; Omar BESSAOUD, « Les organisations rurales au Maghreb », Economie Rurale, Janvier-juin 2008, pp. 8-21.
- Jacqueline MENGIN, « Vers une organisation des associations en milieu rural : un exemple, le CELAVAR », Économie rurale, n° 238, 1997, pp. 6-8.
