DE LA MISOGYNIE AU GYNOCENTRISME La violence contre les femmes dans les sociétés maghrébines. L'écueil de l'approche militante.
Résumé
La violence contre les femmes est un fait d’actualité récurrent. Mais, si les comportements agressifs sont “vieux comme le monde”, la misogynie, que cette violence exprime au premier degré, témoigne d'un malaise sociétal contemporain. Cet article attire l’attention sur les inconséquences de l’approche “victimologique“ et de son pendant, le gynocentrisme. Il prend comme exemple la rencontre d’envergure tenue en mars 2004, à Paris, sur le thème « Les femmes entre violences et stratégies de liberté, Maghreb et Europe du Sud », notamment les analyses des sociologues sur la violence faite aux femmes dans les sociétés maghrébines.
Téléchargements
Références
Le Quotidien d’Oran, 25 décembre 2005.
El Watan, 7 mars 2007.
Liberté, 25 novembre 2008.
Le Quotidien d’Oran, 3 juillet 2008.
Le Courrier international, 20 décembre 2005, Chronique « Les femmes d’El-Qaïda ».
D’après Marisa FORCINA (« Etre ‘sujettes’ en Méditerranée »), le terme « sujette» ne doit être confondu ni avec le sujet asservi et dominé ni avec son contraire, le Sujet cartésien-kantien « au pouvoir énorme, créateur ou autonome et souverain ordonnateur du monde ». Qu’est-il alors ? «’Sujettes’ est plutôt le substantif qui, jouant sur l’ambiguïté sémantique, parvient assez bien à exprimer l’incarnation de la pluralité et de la différence féminine. » (p. 223).
7 sur 32, dont 4 Maghrébins.
Exemple, dans les biographies, p. 390 et p. 392.
p. 11.
p. 19
p. 19
p. 21
Luisa MURARO, in Christiane VEAUVY (dir.), Les femmes dans l’espace public. Itinéraires français et italiens, Maison des sciences de l’homme, Paris/Saint Denis, 2004 (1ère éd. 2002), cité p. 19
p. 21.
p. 23.
Cf. le témoignage accablant de Mohamed HARBI sur le sort des algériennes qui ont participé à la lutte de libération. (« Témoignage d’un militant algérien sur les luttes pour l’émancipation des femmes »)
« La violence extrême s’est d’abord manifestée sous la forme verbale puisqu’il n’existait plus, à partir de 1988-1989, d’espaces où nous n’étions pas interpellées, accusées, sommées, insultées. » (Dalila LAMARENE-DJERBAL, « Les violences à l’encontre des femmes et des enfants en Algérie : témoignages et réflexions », p. 124)
Id., p. 124
Id., p. 126 : « Le drame de Hassi Messaoud, en juillet 2001, où une cinquantaine de femmes seules, certaines vivant avec leurs enfants, ont été victimes d’un véritable lynchage et de viols collectifs de la part de la population locale, montre bien toute la crainte de ces nouveaux partages dans l’espace public. [...] Dans leurs premiers comptes rendus, les journaux avaient ‘naturellement’ parlé de ‘prostituées’, seule ‘fonction’ qui aurait pu expliquer la situation inhabituelle de ces femmes. Elles seront victimes deux fois à Hassi Messaoud : d’abord de leurs agresseurs, puis des institutions publiques qui ne reconnaîtront pas le préjudice subi, puisque les agresseurs seront condamnés pour ‘troubles à l’ordre public’. »
Id., p. 126.
Selon une étude du Ministère de l’éducation, « la scolarisation massive, particulièrement des filles […] a permis d’atteindre pratiquement la parité dans les deux premiers cycles. Dans le cycle secondaire, avec 53%, les filles sont plus nombreuses que les garçons dans les grandes villes. Elles sont généralement plus nombreuses dans certaines filières qu’on croyait réservées aux garçons (60% en sciences exactes). Elles finissent leurs études plus rapidement que les garçons. » (Id., p. 126)
Id., p. 127
Id., p. 125
En effet, «la montée des mouvements islamistes est concomitante de l’apparition du féminisme maghrébin » (Zakya DAOUD, « Les femmes comme sujet politique au Maghreb », p. 353)
Yannick RIPA, « Violence et stratégie antiféministe dans la guerre civile espagnole », p. 78.
Id., p. 71
Marta SEGARRA, « Les romancières francophones du Maghreb dans une perspective méditerranéenne ».
L’Amour, la fantasia, p. 15, cité par Marta SEGARRA, op. cit. p. 183.
« La parure moderne du voile se situe dans cet ‘entre deux’ : elle est à la fois ‘moderne’ et ‘musulmane’. Elle fait apparaître « l’entre deux » de la proximité et de l’altérité avec la parure de la femme émancipée de la religion.» (Nilüfer GÖLE, « Le voile, le renversement du stigmate et la querelle des femmes », p. 220)
Mohamed MOUAQIT, « ‘Dés-assujettissement’ des femmes et modernisation de l’Etat au Maroc et dans le monde arabo-musulman », p. 89.
Aïcha EL HAJJAMI, « L’option de l’ijtihad dans la réforme de la condition juridique de la femme au Maroc ».
Id., p. 85
Id., p. 82-83.
Id., p. 83
Id., p. 82
Id., p. 87
Id., p. 88 : « Al-Shatibi ouvre de larges perspectives d’innovation et d’émancipation dans le domaine du fiqh en général, et dan celui des droits des femmes en particulier. Ce serait là un moyen de dépasser l’obstacle de l’ambivalence du référentiel auquel se heurte toute volonté de réforme du droit familial, en cherchant des solutions dans le cadre du référent islamique, en réactualisant et en améliorant ses outils d’interprétation ».
Id., p. 84.
Id., p. 85.
« Cependant, le consensus réalisé en janvier 2004, [...] autour de l’arbitrage du Roi, en sa qualité d’emir al-mu’minine, repositionne le débat à l’intérieur du champ religieux et incite les parties antagonistes à centrer leurs prises de positions sur les possibilités réelles d’une réforme moderne et substantielle du CSP que peut offrir l’ijtihad comme méthode d’interprétation des textes sacrés. » (Id., p. 84)
Voir Renate SIEBERT qui décrit le pouvoir formel des femmes dans la maffia italienne, celles-ci restant prisonnières des « mailles de la subordination » (« L’émergence d’un protagonisme féminin dans les mafias en Italie : production sociale d’un pseudo sujet féminin », p. 160)
A. GUERREIRO, « l’homosexuel comme paria » (1998, Gazeta improvável, automne 98, n°2, Lisbonne), cité, p. 144, par Teresa JOAQUIM, « Démocratie et droits reproductifs au Portugal, ou les impasses de la citoyenneté ».
Du roman de Louisa May Acott, Anne Joba, Les Quatre filles du docteur March.
Ilhem MARZOUKI, « La subjectivité fait-elle le sujet féminin ? Une lecture sociologique de l’expérience tunisienne ».
Id., p. 118
Id., p. 116.
Id., p. 117.
Id., p. 117.
Id. p. 116.
Id., p. 108 : « Le fossé entre féminines d’État et action féministe tient à ce déplacement du lieu de la prise de décision [...], occasionnant partout à travers le monde la génération de mouvements féministes qui ne se satisfont pas des politiques étatiques, aussi clairvoyantes soient-elles. Encore faut-il que les femmes elles-mêmes s’éveillent à la subtilité de ce glissement et qu’elles s’imprègnent de la distance qu’il y a entre modernisation objectivante et modernisation personnalisante. »
Id., p. 117.
Id., p. 118. Cette opinion ne fait pas l’unanimité. Cf., entre autres, Nilüfer GÖLE, qui rappelle que « la modernité du temps présent se construit en référence à l’égalité des sexes. » (« Le voile, le renversement du stigmate et la querelle des femmes » p. 220).
Id., p. 108.
Id., p. 117
Id., 116
La société des individus, publié en Allemagne en 1987 et traduit pour la 1ère fois en France en 1991, traite de la société moderne occidentale et de la différenciation poussée du tissu social, en relation avec le processus de construction de l’Etat moderne.
Zakya DAOUD, « Les femmes comme sujet politique au Maghreb », p. 351, à propos de l’U.N.F.T.
Fatma EL BOUIH, « Les associations féminines comme lieu d’émergence d’une force de proposition au Maroc », p. 166.
MARZOUKI I., op. cit., p. 112.
